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OUI LES LANGUES
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  • Faire "Halte au tout-en-anglais". Rappeler aux Français leur devoir de défendre partout la francophonie. Sensibiliser les décideurs européens politiques, économiques, sociaux au plurilinguisme sans céder à la facilité et à la fatalité du tout-en-anglais.
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24 mars 2017

Un des mille miracles du Salon du Livre de Paris

Jamila Abitar fait partie des poètes de l'Afrique francophone actuellement présents à Paris au salon du livre 2017. Comme tant d'autres auteurs de ce continent, elle honore la francophonie et offre à l'humanité sa richesse littéraire et philosophique. Je cite ici son dernier recueil : "A Marrakech, derrière la Koutoubia"

J’avais oublié ma ville, la mémoire des sucreries,

des dents cassées, des bouches sans issues.

J’avais oublié mes frères noyés sans avoir appris à nager,

près des barques trouées de mon parcours de jeu.

J’avais oublié ma ville sans terre, Marrakech, c’est en toi que je revis.

Koutoubia, ta pierre réveille un peuple, réveille mon être oublié.

Ma mémoire, vivante, rougit de tes reflets.

J’ai avalé ton sable et j’ai pleuré mes frères.

Et trahie par mes frères, j’ai sursauté, combien de fois, depuis cent ans !

 

Lucide comme cette lumière que l'on voit,

cette rencontre entre ces murs qui embrassent l'intemporel.

Je voudrais retrouver ma ville rouge, sa verdure,

ses champs d’empreintes de sang partagé.

Je voudrais me cacher derrière la Koutoubia

et sentir Jamaa El Fna veiller sur Marrakech.

A mon sommeil défendu, c’est le néant accompli.

Aussi loin que ma mémoire disparaît le rêve d’un poème réussi.

Aussi loin que mes rêves réussis, la splendeur d’une vie sans histoires.

Un souffle parmi le souffle, un être dans le tout être.

 

Les êtres portés s’abreuvent d’un jour sans heure.

Du haut des Minarets, des instruments à cordes atteignent l’infini.

Comme coton poussé vers in tisserand, la semence gratifie le ciel.

La prière et l’émotion font grandir le rêve.

Le contraste des couleurs devient détails à prendre.

Un oracle de contes qui laisse tourner le cœur.

La mémoire d’une piste qui n’en finit pas de charmer.

 

Je me suis livré à l’énergie la plus haute pour passer à travers le vin.

Il faut du temps pour faire renaître l’émotion à l’état pur,

s’insurger contre les forces de la nature et rompre avec elle.

Lorsque l’on possède et la connaissance et le vécu,

cela peut provoquer une détonation des plus irrémédiables.

Vous avez le sentiment que : quand vous ouvrirez la bouche,

ce qui en sortira sera du feu.

J’ai pêché dans les brûlures du verbe pour ne pas cacher la parole.

J’ai hurlé jusqu’au portail de ma raison

et j’ai demandé pardon à la terre qui m’a portée.

Je suis le visage sans voix à la rencontre du peuple renaissant.

 

Koutoubia, ta pierre réveille un peuple, réveille mon être oublié. Ma mémoire, vivante, rougit de tes reflets.... J’ai avalé ton sable et j’ai pleuré mes frères.

Et trahie par mes frères, j’ai sursauté, combien de fois, depuis cent ans !

Lucide comme cette lumière que l'on voit, cette rencontre entre ces murs qui embrassent l'intemporel.

Marrakech, j’ai caressé ton corps et saisi l’obscure, pardonne ma vie brouillée qui se baigne d’illusions sur le trottoir d’une ville bretonne. Tu seras le frisson de mes nuits, j’implorerai la pluie pour laver nos colères, je dessinerai ton visage sur la toile de mes rêves.
Koutoubia, ta pierre réveille un peuple, réveille mon être oublié. Ma mémoire, vivante, rougit de tes reflets. J’ai avalé ton sable et j’ai pleuré mes frères. Et trahie par mes frères, j’ai sursauté, combien de fois, depuis cent ans !
Lucide comme cette lumière que l'on voit, cette rencontre entre ces murs qui embrassent l'intemporel.


Extrait in A Marrakech, derrière la Koutoubia.©Jamila Abitar

 

 


 

 

 

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