Ferragudo : dernier bastion de la langue de Molière en 2100
Les Français feraient mieux de s’appliquer à eux-mêmes la clause Molière, au lieu d’abandonner leur langue. Les intellectuels ne parlent plus la langue de Verlaine, mais celle des cow-boys, s’indigne Alexandre Romanès, poète tzigane. Ils sacrifient inexorablement leur culture et se soumettent à l'ordre mondial imposé par le néo-libéralisme californien, car celui qui impose à un peuple sa langue lui impose aussi sa culture et sa vision du monde. Bientôt le français aura disparu de la France et vraisemblablement des autres pays francophones, malgré la résistance de ces derniers, d'autant plus louable que l'exemple montré par l'hexagone est pitoyable.
Seule lueur d’espoir : un village de l’Algarve, Ferragudo, au fin fond du Portugal. En effet, cette terre lusitanienne à l’histoire mouvementée, qui tire son nom de l’arabe al-Gharb al-Ândalus (Andalousie de l'Ouest), se voit actuellement colonisée par des Français qui, ironie de l’histoire, évincent des Britanniques venus 30 ans plus tôt !
Ces ressortissants français, dont la moitié est constituée de retraités, arrivent par milliers chaque année, si bien que l’on dénombre une dizaine de transactions immobilières chaque jour dans toute la région. Au grand dam des amoureux des chuintements lusophones, c’est la langue française qui résonne dans les rues, les magasins, les cafés et sur les plages.
A la fin du siècle, lorsque les langues européennes seront devenues des patois globicisés, gageons que cette colonie de peuplement sera le dernier bastion de la langue de Molière, un véritable parc Astérix dans l’un des plus beaux pays du monde !