Stade de France & Wembley, rivalité & amitié
Nous sommes rivaux, mais ça ne nous empêche pas d’être amis, s’exclame un joueur français après la rencontre amicale France-Angleterre d’hier soir.
Cette formule s’applique en effet à ces deux peuples, issus d’une histoire en partage depuis un millénaire. Ils ont imposé leur influence sur les cinq continents, ils se sont constamment influencés l’un l’autre dans leur culture, ils ont échangé maintes fois dans l’histoire les mots et expressions de leur langue. Ils ont quelquefois montré leur unité de vue, souvent leur opposition. Or l’amitié est un sentiment profond qui, comme la photographie de naguère, ne fait surface qu’avec un révélateur : le malheur, le danger.
C’est le cas au stade de France, lorsque la Garde républicaine joue un succès du célèbre groupe Oasis de Manchester et que le public chante God save the Queen, pour partager l’émotion que le public de Wembley a offert à la France au lendemain du 13 novembre 2015.
La partie devant leurs yeux est bien loin pour le président Emmanuel Macron et la première ministre Theresa May. Comme Churchill et De Gaulle en 1940, ils sont imprégnés de la gravité de la situation de leurs pays et veulent partager leur détermination à conjuguer leurs efforts contre le terrorisme.
On voit bien là que nous vivons un moment très fort où se superposent la rivalité et l’amitié !
Et la langue de leurs échanges dans tout ça ? Il est à craindre que le bon élève Macron ne réitère le forfait de Clémenceau au traité de Versailles de 1919, à savoir sacrifier sa langue dans un souci d’efficacité qui masque mal une soumission.
Mais alors, si un ami se soumet à l’autre, peut-on encore parler d’amitié ?