Fincantieri/STX et Siemens/Alstom : Les chefs d’État ne noient pas leur langue, mais les PDG écrasent la leur !
Fincantieri/STX et Siemens/Alstom : Les chefs d’État ne jettent pas leur langue dans les eaux portuaires, mais les PDG broient la leur sur les rails des TGV…
“Si on ne gagne pas ensemble, on perd tous les deux !” déclare le président français, Emmanuel Macron, au chef du gouvernement italien, Paolo Gentiloni, à propos de l’accord qu’ils viennent de sceller sur les compagnies de chantiers navals Fincantieri et STX. La scène se déroule à Lyon, le 27 septembre, lors du 34è sommet franco-italien. La conférence de presse dure environ une heure. Les deux dirigeants s’expriment dans leur langue nationale, chacun avec humour et conviction. Ils s’écoutent et semblent se comprendre, car ils ne portent pas d’oreillette. Les journalistes posent leurs questions dans la langue de celui auquel ils s’adressent. À remarquer que Gentiloni dit en italien dossier et feuille de route. Il pourrait faire mieux avec tabella di marcia, mais, ouf et heureusement, il évite roadmap, qui se dit aussi en italien colonisé ! À remarquer encore que l’auditoire s’accommode des 2 langues, traduites ou non, et qu’on nous épargne la langue soi-disant internationale. Comme quoi on peut vraiment brexiter cette langue-là !
Le même jour, à Paris,les PDG de Siemens et Alstom présentent l’accord marquant la fusion de leur entreprise.Henri Poupart-Lafarge, actuel directeur d’Alstom dirigera le nouvel ensemble. Il aura la lourde charge d'éviter les luttes picrocholines entre Français et Allemands, en raison des différences de cultures entre les deux entreprises, qui étaient rivales jusqu'ici, mais la langue anglaise l’aidera peut-être, si on en juge par la triste cérémonie annonçant la fusion des entreprises. En effet, la conférence de presse tenue par les deux dirigeants est édifiante. Joe Kaeser, actuel directeur de Siemens, assure que cette fusion renforcera l’Europe avec cette magnifique formule : Global European mobility champion. À remarquer que les deux orateurs se livrent à un long plaidoyer pour promouvoir l’opération. Ils le font en anglais, chacun avec son style et son talent, le Français ayant un accent déplorable compensé par une diction claire, l’Allemand ayant un meilleur accent mais gâché par une diction inaudible ! Effet piteux et je me demande encore pourquoi ils se donnent tant de peine à se mouler dans ce diktat de devoir s’exprimer dans la soi-disant langue internationale. C’est contre-productif (pas fort pour des chefs d’entreprise !), car cela les empêche d’exprimer leur cœur, leur conviction, leur détermination, leur enthousiasme, qu’ils pourraient davantage transmettre à l’auditoire dans leur langue maternelle. Le comble, c’est qu’ils disent bonjour en français au début de leur intervention et merci à la fin, deux paroles magnifiques pour les rendre humains !