Weah, Corse, Versailles : 3 enjeux pour la francophonie
Trois évènements marquants de ce 22 janvier 2018 sont importants pour la francophonie :
- L’ex-footballeur du PSG, George Weah, investi président du Libéria.
- Les élus corses, Simeoni et Talamoni, reçus par Édouard Philippe.
- Les dirigeants de 140 entreprises mondiales à Versailles.
1. Le Libéria a un nouveau président, George Weah. Ce petit pays africain n’a jamais été une colonie d’un pays européen, mais il a été formé au XIXè siècle pour permettre à des esclaves américains affranchis de fonder une mère-patrie. La France n’a jamais porté beaucoup d’intérêt à ce petit pays, c’est dommage et c’est un tort. Car ce pays, certes anglophone, a comme voisins la Côte d’Ivoire et la Guinée, grands pays francophones, et tous font partie d’une Afrique occidentale très francophone. La langue française est donc une langue très utile dans cette partie du continent dit du XXIè siècle. Il y a beaucoup d’offres d’emplois dans les pays africains anglophones stipulant la nécessité de savoir le français ! Et nous voici avec ce petit pays, le Libéria, grand comme 1/5 de la France, que la France met sous les feux du projecteur, certainement en raison de la personnalité de George Weah, cet enfant sortant des taudis de Monrovia, la capitale, devenu milliardaire grâce au football et francophone depuis son séjour à Paris. Le PSG et le Milan AC ont contribué à sa gloire. Maintenant qu’il se consacre à son pays et qu’il suscite un remarquable engouement populaire, je pense qu’il ne manquera pas d’inciter les enfants à bien apprendre à l’école et d’étudier le français comme première langue étrangère. Bonne chance à George Weah et au Libéria !
2. Les représentants nationalistes de la nouvelle territorialité corse, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, seront reçus à 17h par le premier ministre, Édouard Philippe. Ils auront des questions éminemment politiques à traiter et l’une d’elles est la revendication d’une co-officialité de la langue corse. C’est un sujet tabou pour la France, qui n’a pas ratifié tous les articles de la charte européenne des langues régionales ou minoritaires de 1992. On sait que l’histoire de la France est forte de son jacobinisme, avoué ou non. La monarchie absolue, la révolution de 1789, l’empire napoléonien, la république ont tous en commun un pouvoir central fort s’appuyant sur une langue unique. Le président Macron, durant la campagne présidentielle, a rappelé l’ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539, qui imposa que les actes relatifs à la vie publique soient rédigés en langage maternel français et non autrement, c’est-à-dire l’abandon du latin et le refus des dialectes et des langues régionales. Aussi le gouvernement aura- t- il fort à faire devant la revendication des dirigeants corses. En effet, sur France-info ce matin, l’indépendantiste Talamoni entendait, si nécessaire, faire le tour des pays d’Europe pour leur signaler la contradiction du pays des droits de l’homme qui prétend être un exemple pour les autres… Plaisir à venir !
Quant à la langue corse, aussi intéressante et captivante qu’elle soit pour un amoureux des langues, elle n’échappe pas, comme toutes les autres langues promues à l’unification politique et administrative d’un territoire, à l’obligation de faire des choix syntaxiques et grammaticaux dont l’évidence reste obscure pour certains de ses locuteurs ! Bonne chance à la langue corse de Centuri à Bonifacio !
3. Le président Emmanuel Macron reçoit cet après-midi au château de Versailles les dirigeants de 140 grandes entreprises mondiales. Juste avant le forum de Davos, il réussit un beau coup avec ce sommet de l’attractivité de la France. Bien évidemment il se sent obligé de prendre la parole en anglais, en cette circonstance, pour cette rencontre dénommée « Choose France ». Comment pourrait-il faire autrement devant les dirigeants de Coca-Cola, Rolls-Roys, Facebook, UPS et les autres. C’est la langue des affaires, disait un journaliste. Soit, acceptons l’espoir que les retombées pour la francophonie seront bien réelles, mais rien n’est moins sûr, car l’image du château de Versailles, pour prestigieuse qu’elle soit, cantonne la France dans les siècles passés. Or l’un des arguments des promoteurs de la francophonie est que leur langue est aussi celle des affaires. D’où l’idée que Macron devrait s’adresser à ses invités au moins partiellement en français et le reste en anglais, comme le rossignol de la chanson d’Hugues Aufray… Quant au lieu choisi, pour montrer l’attractivité d’un pays performant et prometteur, peut-être qu’un auditorium du côté de la Défense… ? Bonne chance à la France attractive !