Amazon, le bracelet et le nouveau monde.
In Italia non ci sarà mai il braccialetto di Amazon. En Italie il n’y aura jamais le bracelet d’Amazon. Selon le chef du gouvernement italien, Paolo Gentiloni, "le défi, c'est un travail de qualité et non pas le travail avec un bracelet".
Dès le début de février la presse italienne a couvert les réactions politiques hostiles à ce système électronique breveté aux États-Unis visant à détecter les mouvements des mains de ses salariés dans ses entrepôts pour suivre leur travail. Pendant ce temps, les milieux politiques et syndicaux français font bien pâle figure, englués qu’ils sont dans leurs problèmes de santé.
Amazon se défend en essayant de faire croire que ce serait pour faciliter la tâche des ouvriers, mais ce géant du commerce en ligne a depuis longtemps la réputation d'entretenir des conditions de travail difficiles dans ses entrepôts et ses centres de distribution pour augmenter la productivité des employés et garantir des livraisons rapides aux clients.
Cette actualité est un exemple de la raison de ce blogue qui crie halte au tout-en-anglais ! Non pas que cette langue soit à bannir pour elle-même, non pas que le système anglo-saxon ne produise que de l’inhumain, puisque c’est en anglais que le New York Times décrit la culture d'entreprise "néfaste" d’Amazon, mais il souffle du continent américain un courant néo-libéral débridé et ravageur, que seule une Europe encore humanisée et de bon gouvernement – et ce n’est pas gagné !- peut contrer ou au moins freiner.
Aussi la bataille pour la francophonie et le plurilinguisme est-elle plus que jamais indispensable, si on ne veut pas d’un monde comme celui que décrit cet employé d’un entrepôt Amazon : devoir garer son véhicule prêt à partir selon le règlement afin de prévoir la fatigue qui les empêcherait de faire une marche arrière en fin de service ; de porter un badge bleu lorsqu’on est en CDI et vert en CDD ; de perdre sa qualité d’ouvrier ou d’employé au profit de picker ou packer, selon qu’on retire les articles des rayons ou qu’on les emballe ; de devoir écrire sur un kaisen* ses avis et conseils pour améliorer le fonctionnement de l’entreprise, etc…
Je comprends maintenant mon instinct qui m’a fait faire mon dernier achat à la librairie Masséna plutôt que de cliquer sur Amazon.
* kaizen 改善 est la fusion des deux mots japonais kai et zen (= changement et meilleur), c’est-à-dire l’amélioration continue de la qualité.