Bienvenue en France à George Weah, président du Libéria !
Pour avoir connu le Libéria d'avant les conflits fratricides de la fin du siècle précédent, je mesure l'importance du geste de George Weah, nouveau président, qui commence sa tournée européenne en France et qui sera reçu à l'Élysée par Emmanuel Macron. Certes, Weah est un ancien joueur du Paris-Saint-Germain, mais c'est surtout que la politique qu'il doit maintenant mener dans son petit pays de l'ouest africain a besoin de liens sérieux avec l'Afrique francophone et bien sûr avec la France.
En effet le Libéria, petit îlot anglophone avec la Sierra Leone, est entouré principalement de la Côte d'Ivoire et de la Guinée. Le Sénégal, le Burkina-Faso et bien d'autres ne sont pas loin. Ce pays a été fondé au XIXè siècle pour permettre à des Afro-Américains libérés de l'esclavage aux États-Unis de retrouver une "mère-patrie". La langue officielle est donc l'anglais, mais qui, de par son influence afro-américaine, se distingue nettement de la langue anglaise très "British" des pays africains anglophones.
La population est donc constituée, pour une part minoritaire mais socialement dominante, des descendants de ces esclaves affranchis, aux patronymes sonnant délicieusement anglais ou français selon le cas (par exemple Emmet Goodridge, Napoleon Cassel, Samuel Johnson, Daniel Massaquoi...), et pour une part plus importante des Africains autochtones portant des noms du type Momolu Dukuli. Ces exemples sont tirés des élèves à qui j'enseignais avec bonheur et quelques collègues camerounais et togolais la langue de Molière. En général, ils s'en sortaient très bien, naturellement motivés par la proximité d'une vaste aire francophone à proximité. Aujourd'hui les Alliances Françaises des pays anglophones de l'est africain savent la demande importante de cours de français, langue nécessaire pour trouver un emploi. C'est pourquoi il me semble indispensable que la France aide ces pays et fassent le maximum pour le rayonnement linguistique, culturel et économique de la Francophonie.
Au vu des enjeux d'aujourd'hui pour son pays, qui a tant besoin de paix et de développement, l'élection de George Weah, enfant des quartiers populaires, est de bon augure. Souhaitons-lui bonne réussite !