Macron en anglais à Washington, certes, mais… la francophonie ?
La visite royale du chef de l’État français au pays locomotive du néolibéralisme avait sans aucun doute des objectifs complexes et variés, dont l’un devait être de démontrer l’aisance du président Macron dans la langue d’Hemingway. Mais a- t- il évalué le risque d’affaiblir ainsi la langue française sur la scène mondiale ? Il devra peut-être une fière chandelle à cet étudiant saoudien de l’université George Washington qui, ayant connaissance des déclarations du président français au Moyen-Orient en faveur de la francophonie, l’a interrogé à ce sujet lors de sa prestation devant les étudiants. En réponse, Macron livre en anglais son credo sur le rayonnement de la langue française, mais il reconnait le risque qu’elle soit encore perçue comme un instrument de domination, comme à l’époque des colonies. Cependant le cœur de la francophonie se trouve désormais quelque part entre les fleuves Niger et Congo. C’est pourquoi il demande à l’Académie Française d’adopter une nouvelle philosophie à l’égard de la francophonie. Il compte sur une prise en charge de celle-ci par les Francophones des Caraïbes, du Pacifique et du continent africain, d’où la nécessité d’encourager ceux-ci par des investissements divers dans les moyens d’enseigner et d’apprendre le français. Il termine ce chapitre en invitant les étudiants à consulter le site de l’Académie Française.
Il n’a pas parlé des Francophones d’Europe et d’Amérique du nord, alors que les paroles de Justin Trudeau résonnent encore au Palais Bourbon. Il n’a pas abordé la question de la demande du français comme seconde ou troisième langue, qui est réelle et non satisfaite à souhait en Asie, en Afrique anglophone et en Amérique du sud. Il n’a pas non plus dit à ces étudiants ce qu’Obama leur aurait probablement dit : « Apprenez la langue des autres, c’est le meilleur moyen de mieux les comprendre ! »