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OUI LES LANGUES
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OUI LES LANGUES
  • Faire "Halte au tout-en-anglais". Rappeler aux Français leur devoir de défendre partout la francophonie. Sensibiliser les décideurs européens politiques, économiques, sociaux au plurilinguisme sans céder à la facilité et à la fatalité du tout-en-anglais.
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OUI LES LANGUES
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7 septembre 2018

Mots et Paroles, réflexions du blondinet de Doisneau

Doineau

Petit dictionnaire de

 

« Mots et Paroles,

que vive la langue ! »

 

 

Les 32 termes ci-dessous sont soit d’usage récents, soit tombés en désuétude, tandis que beaucoup ont subi une évolution étonnante en quelques décennies.

 

C’est le blondinet de la photo de Doisneau datant de 1957 qui, un bon demi-siècle plus tard, s’amuse de tout cela…

 

Bon divertissement !


 

  1. ANORAK

 

Anorak, terme inuit apparu vers 1900, signifie un vêtement protégeant du vent. En eskimo, anoré signifie vent.

Le blondinet portait un anorak, veste de sport imperméable et à capuchon (Petit Larousse 1950).

Bien que récent, ce mot semble déjà tombé en désuétude. On lui préfère aujourd’hui parka, venant également de l’inuit, mais par l’intermédiaire de l’anglo-américain. Évidemment !...

Tout cela n’empêche pas le bon petit Français de mettre sa doudoune ! (mot apparaissant en 1969, probablement un redoublement enfantin de doux). On a chaud rien qu’en le disant !

 

 

 

2. BLOGUE

 

 

Les Québécois écrivent blogue. Comme souvent, nos cousins canadiens nous apprennent le français ! Ils savent résister fièrement à l’invasion de l’anglo-américain. Merci, nos cousins !

C’est un de ces termes anglais qui s’imposent de par l’utilisation d’internet.

Le blondinet, lui, avait un carnet sur lequel il notait au stylo à bille (outil révolutionnaire à son époque) les choses importantes du moment.

Aujourd’hui, on fait un blogue, c’est-à-dire qu’on ouvre un site personnel pour y jeter des remarques, des points de vue, que tout le monde peut découvrir. C’est apparemment le but. Narcisse y trouve son compte ! Les autres, pas sûr !

Blogueurs, blogueuses de tous les pays, unissez-vous !

 

 

 

3. CADDIE

 

 

Autrefois, le mot anglais caddie, venant du français cadet, désignait un commissionnaire.

Vers la fin du XIXè siècle, caddie passe au français pour signifier le garçon qui porte les clubs du joueur de golfe.

En 1957, les Ateliers Réunis, société de transformation du fil métallique, basée à Drusenheim, près de Strasbourg, commença la fabrication de chariots roulants et fonda la marque Caddie, aujourd’hui multinationale. Le succès était assuré avec le développement des grandes surfaces. Si bien qu’en 1973, les Ateliers Réunis-Caddie créèrent un important site de production à Drusenheim, entièrement robotisé, pour produire les chariots libre-service, connus dans le monde entier.

Seulement le blondinet, lui, faisait les commissions avec sa mère, parfois seul, sans connaître le caddie. À son époque, les gens ne faisaient pas des kilomètres en voiture pour se rendre au grand temple de la consommation. Il y avait peu de voitures. Les réfrigérateurs faisaient à peine leur apparition. Il fallait donc plusieurs fois par semaine se rendre dans les différentes boutiques du village ou du quartier, à pied, à vélo ou à vélomoteur. On prenait avec soi un sac à provisions, souvent appelé cabas. On gardait au fond de ce sac un filet à provisions pour pouvoir transporter des choses qui ne tiendraient pas dans le cabas ou qu’il fallait mettre à part.

Tous ces achats se faisaient en argent comptant, en francs qui n’étaient pas encore nouveaux, avec des pièces grises légères en aluminium datant de la guerre, frappées de la francisque et des billets avec beaucoup de 0 après le 1 mais qui ne valaient quand même pas grand-chose, Richelieu, Mazarin et Victor Hugo me pardonneront !

 

 

 

4. DRONE

 

 

Le blondinet a beaucoup entendu parler de la guerre, des bombardements, des stukas… mais pas encore de ces aérodynes sans équipage embarqué, télécommandés ou programmés, qui constituaient pourtant, dès les années 50, un nouveau type d’engins aériens à usage militaire.

Le terme drone est un mot anglais signifiant faux-bourdon et le bourdonnement produit par les abeilles. Ce mot n’est pas flatteur, car il désigne par extension la personne qui vit sur le dos des autres, ainsi que le discours ou sermon monotone qui nous endort…

Dès la première guerre mondiale la France et l’Angleterre ont expérimenté des engins volants sans pilote, mais sans en voir l’utilité immédiate au plan militaire. Lors de la guerre de Corée et de celle du Viêt Nam, époque de la guerre froide, le drone a été utilisé par les États-Unis pour la surveillance et l’intervention militaire chez l’ennemi sans encourir de risques humains. Des drones armés ont été utilisés pour la toute première fois par l’Iran durant la guerre Iran-Irak.

Dans les années 2000, l’utilisation du drone se généralise dans tous les conflits du globe, ainsi que contre la piraterie maritime.

Aujourd’hui, le drone est devenu un jouet accessible aux acheteurs du grand commerce et, en dépit d’une réglementation qui se cherche encore, des petits malins s’ingénient à envoyer anonymement leurs appareils au-dessus de sites sensibles, ce qui n’est pas sans laisser dans la population de sérieux doutes sur la capacité des autorités à assurer la sécurité du pays.

 

 

 

5. EXCITER

 

 

Avant, on excitait un nerf lors d’une expérience scientifique. C’eût été pathologique ou indécent pour une personne d’être excitée ou, du moins, de le clamer haut et fort.

Or, aujourd’hui, on entend fréquemment tel ou tel artiste, telle ou telle chanteuse ou n’importe quel quidam se déclarer excité à propos d’un projet, d’un voyage, d’une performance…

On touche là l’influence anglo-américaine, déjà bien connue avec les termes directement empruntés comme chips ou parking, mais moins évidente et plus insidieuse avec l’utilisation déformée et exagérée de mots français ressemblants mais recouvrant des sens différents. Souvent la traduction simultanée, dans les médias, se laisse prendre au piège tendu par la similitude de mots semblables dans les deux langues, mais qui ne sont pas dans les champs sémantiques équivalents. Par exemple, on entend fréquemment :

-         excité, au lieu de enthousiaste,  sous l’influence de l’anglais « excited » : elle était toute excitée à l’idée de partir en vacances à Cuba ; on préfèrera enthousiaste, pour cette touriste qui aura tout loisir d’exciter le beau cubain qui la fera danser…

-         opportunité, au lieu de occasion, sous l’influence de l’anglais « opportunity » : elle a l’opportunité de partir à Venise pour le pont de l’Ascension ; on préfèrera occasion : on dira plus correctement qu’elle a fait preuve d’opportunité en saisissant l’occasion d’avoir congé le vendredi pour partir à Venise ! Pendant ce temps, la joueuse de tennis niçoise Alizé Cornet, éliminée en 2 sets à Melbourne par la slovaque Dominika CibulKova, met tout le monde d’accord en  exprimant ainsi son désarroi à la presse : « j’ai laissé passer des occasions, des opportunités… » et aussi des balles sans doute !

-         éduqué, au lieu de instruit, formé : elle a été éduquée à l’École d’ingénieurs de Grenoble, sur le modèle de l’anglais « she was educated at Yale University » ; on préfèrera formée, car on suppose et on espère que cette école n’a pas eu besoin de lui apprendre à bien se tenir à table, ni à être polie en société !

 

 

 

6. FLEXIBILITÉ

 

 

Pour le Petit Larousse la notion de flexibilité (caractère de ce qui est flexible !) s’applique en premier lieu au métal. Le blondinet fabriquait avec ses copains des épées et des arcs avec des branches flexibles. C’est donc à propos de la souplesse de certains matériaux que l’on évoquait cette notion.

Mais les belles années 80 ont apporté de notre chère alliée et amie l’Amérique, non seulement des mots, mais des concepts. Il en est un qui touche l’organisation du travail de manière à remettre en cause les droits acquis par les travailleurs au cours des trente glorieuses. Avec la flexibilité, l’entreprise peut s’adapter à la conjoncture, donc aux marchés. Comme bien sûr la perte de droits acquis passe mal auprès des salariés et des syndicats, l’Europe (plus exactement le Danemark) a inventé un dérivé de la flexibilité qui se nomme flexisécurité. Cette notion a été reprise par Emmanuel Macron pour la campagne présidentielle de 2017. On verra les effets… positifs ? pour qui ?

D’une façon générale notre société use et peut-être abuse de cette tendance à former de plus en plus de mots abstraits (en –té, en –iser, puis -isation) à partir de l’existant. Pourquoi faire simple si on peut faire compliqué ?

 

 

 

7. GÉRER

 

 

Naguère, verbe peu usité. Le gérant d’une entreprise la dirigeait et ça suffisait pour sous-entendre qu’il la gérait. En revanche, il fallait bien gérer son budget, ce que faisait toute famille sérieuse, même pauvre, et ce que faisait aussi l’État, avant la dette…

Aujourd’hui, on gère toutes sortes de situations : sa journée, son travail, son trajet, sa vie sentimentale. Le verbe peut même être intransitif : « ne t’en fais pas, je gère ».

Notons qu’on n’entend jamais dire à la forme négative « je ne gère pas » !

 

 

 

8. HÉTÉRO

 

 

Hétéro est un préfixe dont l’origine est le mot grec hétéros, qui signifie autre, avec l’idée de différence, d’opposition.

Les mots commençant par hétéro sont pour la plupart des mots savants qu’on n’entend guère dans la vie courante. Les seuls que le blondinet pouvait entendre, sinon comprendre, étaient « hétérogène » et « hétéroclite ». Quant au terme homo, il ne le trouvait que pour homo-sapiens, qui, comme on peut s’en douter au regard de la démographie dans l’histoire et la préhistoire, ne pouvait pas n’être qu’homo…

La pudeur et l’autocensure induites par la morale ambiante de l’époque d’avant 1968 faisait qu’on n’employait pas le terme « hétérosexuel », qui du reste ne figurait pas dans le petit Larousse. Cependant, dès le début du XXè siècle, des auteurs comme André Gide, ont écrit sur l’hétéro et l’homosexualité, mais ces essais n’étaient pas repris dans la bibliothèque de jeunesse !

C’est donc à un âge très avancé que, de même que Jourdain découvrit qu’il parlait en prose, le blondinet découvrit qu’il était probablement hétéro !

 

 

 

9. IMPROBABLE

 

 

Pour le blondinet un évènement improbable est un évènement qui a peu de chance de se produire, peu de chance d’avoir lieu.

Par un glissement sémantique dû à l’influence de l’anglais, la signification de ce mot passe de hypothétique à invraisemblable, curieux, insolite, dans un sens plutôt péjoratif. Une habitation située entre une autoroute et une voie ferrée sera dans un endroit improbable. 

Exemple tiré du quotidien Nice-matin à propos du redécoupage des cantons de Nice pour les élections départementales de mars 2015. Dans certains quartiers, les gens qui votaient depuis des lustres à l’école d’à côté vont devoir faire plusieurs kilomètres dans les collines pour aller voter ! La journaliste du quotidien Nice-matin écrit « Nice 4 est un canton volumineux, disparate, décousu, à cause d’un redécoupage improbable, fédérant des quartiers dissemblables ».

Les habitants ont tenté un recours auprès des autorités, mais il semble improbable que le redécoupage improbable soit revu !

Remarquons également que improbable n’est plus le contraire de probable ! Faut le faire !

 

 

 

 

10. JUSTE

 

 

 

Justement, interrogeons Just Fontaine, héros de l’équipe de France de football en 1958. Si on lui avait dit à l’époque qu’un jour la France battrait en finale le Brésil en 1998 et la Croatie en 2018, quelle eût été sa réaction : « C’est incroyable, ce serait formidable ! ».

Récemment, en apprenant que la France organisera le mondial en 2019, la capitaine de l’équipe féminine Laura Georges s’exclame ainsi : « C’est juste génial » ! Cette tendance à mettre ce « juste » devant un adjectif nous vient bien évidemment de l’anglais « it’s just… ».

Et le ministre Patrick Carrère en rajoute une en affirmant que la France est dans le « top 5 » des pays capables d’organiser cette manifestation. Il avait sans doute peur de paraître ringard en disant  « la France figure parmi les 5 pays… ». Alors qu’on n’est plus ringard depuis l’apparition du vintage ! Stromae l’a bien compris en chantant FORMIDABLE !

 

 

 

11. LOOK

 

 

« Tu as bien fière allure avec ton nouveau blazer bleu marine » pouvait dire la mère du blondinet à son fils.

Aujourd’hui, on dirait plutôt qu’il avait un look d’enfer !

Ce mot anglais look fut admis en français à partir de 1977, selon le Petit Robert et on se souvient de la chanson de Laroche Valmont « T’as le look coco », tube de l’été 1984. À signaler que ce disque, écoulé à 510000 exemplaires, sortait en microsillon 45 tours, on n’en était encore qu’aux balbutiements du disque compact !

« T’as le look coco, t’as le look qui te colle à la peau… »

Pour sa campagne printemps-été 2013, la marque de vêtements Naf-Naf a ressorti le grand méchant look. Une façon de fêter son 40è anniversaire en reprenant sa signature phare et de se faire... relooker. La mannequin Annemara sur le pont Alexandre III, accompagnée de sa meute de loups, joue le rôle d'une princesse moderne à pieds nus, vêtue d'une robe courte beige ou d'une longue robe en tulle bleue. Un univers tout droit sorti d'un conte de fée !

Lu dans une revue de mode : « Ancienne chapelle relookée chic-rock », il s’agit de la boutique à Anvers du styliste Dries Van Noten.

 

 

 

12. MAILLOT

 

 

Maillot apparaît ainsi orthographié dans Montaigne en 1580. Anciennement c’était une pièce ou des bandes d’étoffe qui enfermait les bras et les jambes d’un jeune enfant. D’où le verbe emmailloter.

Au XIXè siècle, ce terme s’applique au vêtement de tricot, porté à même la peau et qui moule le corps (maillot de danseuse).

Le blondinet, lui, portait toujours un maillot de corps, certains disaient tricot de corps, sous la chemise ou sous le pull-over. C’était une question d’hygiène que de protéger la chemise de la sudation. On ne faisait pas la lessive tous les jours et les tissus étaient différents de ceux d’aujourd’hui.

En 1978 est sortie la chanson Bubble Star, qui fut  l’un des derniers scopitones, films associant l’image au son, qui passaient dans certains jukebox. Dans cette chanson, Laurent Voulzie manifeste ainsi son désir de modernisme :

J' les mettrai plus jamais Mes pantoufles et mon béret

Faut changer d' costard Pour faire la star

J'ai mis mon cœur pauv' bonhomme Dans un joli métronome

 

J'ai quitté mon maillot de corps Qu'on voie mon corps

De nos jours, on a aussi bien des maillots de cyclistes, que des maillots de bain. Les dimensions varient énormément. Et lors de l’épilation du maillot, quoi qu’on dise, ce n’est pas de ce pauvre maillot qu’on retire les poils !

Cela dit, ne nous laissons pas aller à remplacer maillot par T-shirt, qui n’est qu’un maillot lui aussi, avec des manches courtes et souvent des inscriptions trop souvent en anglais, ce qu’il faudrait interdire au nom du droit à la diversité culturelle !

 

 

 

13. NOUILLES

 

 

Pour le blondinet, ces petites lanières que sa grand-mère alsacienne découpait sur une grande table allaient former les nouilles dont il raffolait. Il se rappelle le délice que constituait ce plat de nouilles, qui accompagnait le civet de lapin !

Le mot vient de l’allemand « nudel ». Il apparaît en 1765 dans l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert sous l’orthographe noudles. Pensons à l’anglais noodles. Puis, sous l’orthographe actuelle en 1767 dans les Descriptions et détails des arts du meunier, du vermicelier.

C’est une pâte alimentaire faite avec de la farine et des œufs, qu’on découpe en lamelles fines et qu’on fait sécher. On parle de nouilles alsaciennes, de nouilles chinoises.

Le sens figuré, peu flatteur pour celui ou celle qui se voit interpellé de la sorte, a peut-être contribué à l’abandon de ce terme. Le terme n’est pas porteur commercialement. Les nouilles alsaciennes sont vendues sous d’autres vocables, plus faciles à prononcer , comme les délicieux spätzle (petits moineaux). Les nouilles chinoises laissent la place aux vermicelles ou se font appeler du mot anglais plus en phase avec le sinistre fast food !

Actuellement, on ne commande pas de nouilles au restaurant, mais des pâtes. Et là, on a le choix, surtout si on se réfère à la langue italienne, championne du genre ! L’Italie compte plus de sortes de pâtes que la France de fromages. Viva la pasta !

 

 

14. PUCE

Le blondinet entendait parler les grands des puces qu’ils attrapaient « dans le temps » au cinéma ou dans les transports en commun.

Il se trouvait fort heureux de ne pas en avoir, mais voyait les chiens et les chats se gratter, signe qu’ils avaient des puces, disait-on. Méfiance ! Il apprenait, par les leçons de choses de l’école communale, qu’il fallait bien respecter les règles de l’hygiène corporel pour éviter de se faire déranger par ces petites bêtes sournoises « qui vivent dans le corps de l’homme » selon le petit Larousse d’avant la guerre de 1940 !

Ce terme a servi à introduire dans le langage courant diverses expressions succulentes :

-         Sac à puces, pour un lit ou un animal domestique

-         Mettre la puce à l’oreille

-         Le marché aux puces

-         Ma puce, terme affectueux évoquant la taille et non la propreté de l’être chéri

En 1974 Roland Moreno invente la bague qui s’active avec un code secret : la carte à puce et ses descendantes carte de crédit, carte vitale, carte sim et toutes ces cartes de fidélité qu’on nous propose à chaque caisse de grand magasin.

Récemment, une entreprise suédoise a décidé de greffer sous la peau de ses employés une puce leur permettant de pointer leurs entrées-sorties, leur accès à la photocopie, etc…

Aux Pays-Bas, une discothèque propose à ses habitués de leur fixer sous la peau une puce leur permettant de régler automatiquement leurs entrées, leurs consommations…

Plus étonnants, si cela est possible, ces riches Mexicains qui se font greffer une puce pour être localisés en cas d’enlèvement.

Quand remplacera-t-on les bracelets électroniques des détenus en liberté surveillée par ce petit insecte qui se met dans le corps de l’homme ?

 

 

 

15. STRATOSPHÉRIQUE

 

 

La stratosphère, c’est haut ! Il faut bien deux Himalaya pour l’atteindre. L’oxygène y est tellement raréfié qu’il serait impossible d’y survivre. On comprendra mieux alors pourquoi le spécialiste financier qui s’exprimait l’autre jour sur la radio BFM expliquait que la dette de certains états avait atteint des niveaux stratosphériques. C’est sans doute plus fort d’employer ce terme que de dire niveaux élevés !

La crise est passée par là. Même dans la presse italienne, on peut relever le terme stratosferico pour les mêmes situations.

À la radio France-info, on a pu entendre le journaliste des questions économiques évoquer le cas de Qoros, constructeur d’automobiles chinois, qui présente ses modèles au salon de Genève depuis 2013. La marque Qoros a vendu depuis lors en Europe 8000 véhicules. Ce résultat est bien maigre, comparé à l’objectif stratosphérique de 150000 annoncé en 2013 ! Pour le moment, toujours pas de Qoros à l’horizon sur les routes de l’Europe de l’Ouest ! Ça a fait pschitt…

 Si un dictionnaire donne comme synonyme « abyssal », il faudra rire en pensant à l’adage qui dit que les extrêmes se rejoignent !

 

 

 

16. TRAÇABILITÉ

 

 

Ah ! la vache folle ! elle nous en a fait voir !

En 1996, on s’aperçoit de la possibilité de transmission de l’encéphalite spongiforme bovine (ESB) à l’homme via l’ingestion de produits carnés. Ce fléau toucha principalement le Royaume-Uni. Tous les autres pays bloquèrent les importations de viande bovine en sa provenance et une peur généralisée s’installa.

Qui se souvient des recommandations des autorités françaises qui se voulaient rassurantes sur la qualité du bœuf français, alors que l’on avait encore en mémoire les nuages de Tchernobil qui, dix années auparavant, s’étaient miraculeusement arrêtés aux frontières de l’hexagone ?

Qui se souvient de la razzia sur les poulets crus ou grillés ?

Qui se souvient des polémiques autour des menus de cantine scolaire, certaines associations de parents d’élèves voyant de la viande suspecte partout ?

Je me souviens du cuisinier du collège qui me confiait qu’avant la crise on mangeait du bœuf de 15 mois et qu’après on mangeait du veau de 18 mois ! comme quoi les mots et les chiffres…

Et le ministre Glavani ne ménageait pas sa peine en prônant le principe de précaution et en invoquant la sécurité que conférerait désormais la traçabilité renforcée de la viande commercialisée.

Le respect rigoureux de la traçabilité permet d’identifier l’origine et de reconstituer le parcours d’un produit de sa production à sa diffusion dans le commerce. Si on ajoute à cela les normes HACCP, la cuisine collective s’est améliorée. Jugeons-en : auparavant, notre chef-cuisinier de cantine faisait sa mayonnaise en cassant des œufs ; maintenant, soumis aux nouvelles normes contraignantes, il utilise les pots du commerce contenant de l’huile de palme et des OGM… Ouf, nous voilà rassurés !

 

 

 

17. ZEN

 

 

Le zen est une secte bouddhique du Japon venue de Chine au XIIIè siècle accordant une place prépondérante à la méditation silencieuse.

Le bon sens paysan des années 50 n’aurait accordé que peu de place à ces pratiques, qui, aujourd’hui, pour intéressantes qu’elles soient dans notre société envahie par le stress, donnent lieu à des récupérations commerciales évidentes : la beauté, la relaxation, le bonheur, autant de préoccupations qui peuvent nous conduire à adhérer à ces clubs se réclamant du zen…

Soyez zen, restez zen ! Adoptez la zen attitude !

 

 

 

 

18. EN FAIT

 

 

Cette locution adverbiale est devenue récemment un tic de langage, car, en fait,  elle signifie « en réalité », « effectivement », « vraiment », « contrairement aux apparences ».

Le petit Larousse de 1950 ne la mentionne que brièvement.

Le petit Robert de 2015 l’évoque comme du langage familier.

En 2013, voici ce qu’on pouvait lire sur le site internet de l’Académie Française, dans la rubrique « dire/ne pas dire » :

 La locution adverbiale En fait signifie « réellement, vraiment » et « contrairement aux apparences » : c’est le sens qu’elle a dans des phrases comme « Il est en fait maître du pays » ou « La Confédération helvétique est en fait une fédération ». Un regrettable tic de langage se répand qui consiste à l’employer en lieu et place de la conjonction de coordination mais, voire à employer les deux à la fois. Il convient d’éviter cette confusion et de conserver à la locution en fait  son sens plein.

On dit :         On ne dit pas :

Je suis passé le voir, mais il était absent

Il était là hier, mais il est déjà reparti     Je suis passé le voir, en fait il était absent

Il était là hier, mais, en fait, il est déjà reparti

 

En fait, c’est un fait, vous avez déjà tout compris !

 

 

 

19. GALÈRE

 

 

Une galère était jadis un bateau de guerre à voiles et à rames utilisé depuis l’antiquité jusqu’au 18è siècle. Les rames étaient généralement actionnées par des captifs asservis. Plus tard, on envoyait aux galères du roi des condamnés par la justice, cette peine des galères ayant été abolie en 1748.

Le terme galère avait déjà pris un sens figuré au temps de Molière :

-         vogue la galère ! (= advienne que pourra !)

-         je me suis laissé entraîner dans une drôle de galère (mésaventure)

A partir des années 80 - serait-ce lié aux difficultés socio-économiques qui ont assombri le ciel après les 30 glorieuses ? – on emploie plus fréquemment ce mot pour évoquer un travail pénible ou une situation difficile :

« Quelle matinée de galère pour les automobilistes ! » s’exclama la journaliste de France-info, le matin du 16 décembre 2014, à propos des embouteillages causés par la célèbre fuite d’eau qui inonda les 8 voies du boulevard périphérique au niveau du tunnel de Saint-Cloud. Une belle galère aussi, pourrait-on dire, pour les 50 pompiers qui ont dû travailler toute la nuit et la matinée pour rétablir la situation.

L’automobiliste, coincé dans les embouteillages, pouvait s’écrier : « c’est galère ! » et lorsqu’il parvint à trouver un itinéraire de contournement, il pouvait dire aussi « Qu’est-ce que j’ai pu galérer pour me sortir de ça ! ».

On voit donc désormais l’infinitif galérer pour signifier… ramer ! et on retourne tout droit aux galères !

 

 

 

20. TOP

 

 

Le père du blondinet écoutait la radio le matin pour remettre les pendules à l’heure : « au quatrième top, il sera exactement 7 heures 0 minute, top, top, top, top », puis « 7 heures 0 minute 10 secondes, top » et ainsi de suite. La France fut le premier pays au monde à créer une horloge parlante joignable directement par téléphone, inaugurée à l'Observatoire de Paris le 14 février 1933. Le directeur, Ernest Esclangon, excédé d’être dérangé sur sa ligne téléphonique de l'Observatoire par des gens qui voulaient savoir l’heure exacte, inventa l’horloge parlante, qu’on obtenait en demandant à l’opérateur  « Odéon 84 00 » !

Aujourd’hui, au-delà d’expressions bien établies comme top secret ou top niveau, l’usage de ce petit mot a proliféré : top 10 ou top 25 pour les palmarès musicaux, cinématographiques, etc… par exemple Sète, Dieppe, Douai, Abbeville et Saumur forment le top 5 des villes offrant le sandwich jambon-beurre à moins de 2,50€ !

En sport : le top 14 de la ligue de rugby à 15 ! Récemment, un joueur ne cachait pas sa joie d’être dans le top 4 du top 14, alors qu’il pratique le rugby à 15 !

Dans une émission politique, les journalistes sont invités à dire leur top et flop du jour.

Comme adjectif ou adverbe : Cette année, on va en vacances dans les Cyclades, c’est top ! Pour la soirée, avec sa jupe rouge et son top en dentelle, Floriane va être top !

Blandine Métayer entame son spectacle par cette exclamation : « telle que vous me voyez je suis top…   je suis top manager ! ».

La mère du blondinet voulait qu’il soit dans les 3 premiers de la classe. Elle lui dirait aujourd’hui « il faut que tu sois dans le top-3 de ta classe et là ce sera top ! »

Le top de la mode : jupe crayon, jean slim, string, chaussures à talons hauts sont ultra tendances et topissimes, mais non sans risque pour la santé, car ils sont vecteurs d’infections diverses et variées, de problèmes musculaires et même articulaires. Pas très top tout ça !

 

 

 

21. A D N

 

 

ADN, acide désoxyribonucléique, est un terme de biochimie, absent du Petit Larousse des années 50. Dans les cellules, l'ADN est organisé en structures appelées chromosomes. L'ADN est transmis au cours de la reproduction : c'est le support de l’hérédité.

Le blondinet ne se souvient pas de l’avoir appris au lycée.

À cette époque, les enquêtes policières ne donnaient pas encore lieu au séquençage d’ADN, aujourd’hui largement pratiqué, pour confondre un coupable, même de nombreuses années après un crime, remettant parfois en cause le jugement ou pour l’identification de victimes d’accidents. Récemment les spécialistes sont parvenus en quelques jours seulement à isoler les profils ADN qui ont permis d’identifier les fragments humains des victimes du crash de l’A320 dans les Alpes.

Le premier ADN a été identifié et isolé en 1869 à partir du noyau de globules blancs par le Suisse Friedrich Miescher. Sa structure en double hélice a été découverte en 1953 par l'Américain James Watson et le Britannique Francis Crick.

Aujourd’hui, ADN est passé dans l’usage courant : Que n’a-t-on entendu « c’est dans son ADN »  ou plutôt, avec un brin d’ironie, « ce n’est pas dans son ADN de… ».

Agacé par celui qui oublie d’indiquer qu’il va changer de voie, l’automobiliste sérieux s’exclame : 

« Ça n’a pas l’air d’être dans son ADN, à celui-là, de mettre le clignotant »

 

 

 

 

22. ANCRAGE

 

 

Du latin ancora, venant du grec agkura

Mot apparaissant au XIIè siècle.

Petit Larousse de 1950 : l’ancrage est le lieu pour ancrer, non pas seulement un bateau, mais une cheminée…

Petit Robert de 2015 : action d’ancrer, blocage, fixation… apparaît en 1967 dans le sens d’implantation.

L’ancrage du Front National dans la société politique française s’est réalisé dans les années 80.

On utilise maintenant, comme en psychologie, l’expression point d’ancrage pour signifier un lieu abstrait de fixation.

À propos des caricatures de Charlie Hebdo et de ses suites, Anthony Delon dans le quotidien Nice-Matin s’interroge sur la pertinence de la liberté d’expression : « la religion touche à ce qu’il y a de plus fondamental, elle est pour beaucoup un soutien moral, un point d’ancrage, un chemin de vie… ».

Lors des commissions d’appel siégeant pour les élèves qui demandent à être admis dans le cycle supérieur contre la décision de l’établissement scolaire, les membres cherchent parfois dans les résultats de l’élève un point d’ancrage dans l’un des domaines principaux comme le français, les mathématiques, l’histoire-géographie ou les langues vivantes. Cette démarche permet d’espérer que l’élève réussira dans la poursuite de son cursus grâce à ce domaine qui lui semble favorable, qui sera son point d’ancrage. Il ne faudra pas, cependant, qu’il oublie de larguer les amarres et de remonter l’ancre…

 

 

 

23. BAIGNER

 

 

C’est probablement vers les années 80, au pic de l’optimisme, que se répand l’expression « Ça baigne dans l’huile ! », lorsque tout va bien ou que le problème est réglé.

Son inventeur pensait vraisemblablement à une mécanique bien huilée, car à cette époque chaque automobiliste vérifiait souvent la jauge indiquant le niveau d’huile du moteur.

Mais l’aurait-il inventée aujourd’hui, alors que nous sommes inondés de messages anti-graisse pour préserver notre santé. Imaginons un instant, non pas un moteur bien réglé, mais une sauteuse pleine d’huile, dans laquelle les aliments baignent et préparent allègrement leurs acides gras saturés à envahir nos artères ?

 

 

 

24. COACH

 

 

Le blondinet avait appris, par la littérature de jeunesse, ce qu’était un coche, avec son cocher. Ce véhicule de transport de personnes, tiré par des chevaux, régna sur les grands chemins depuis la fin du Moyen-Âge, jusqu’à ce qu’apparut la diligence, sorte de coche TGV, au XIXè siècle, grâce au progrès technique. Mais ce qu’il ne savait pas, c’est que, vers 1830, les étudiants de l’université d’Oxford, en Angleterre, se mirent à utiliser ce mot dans leur jargon pour désigner leur tuteur, leur mentor, celui qui les « transporte » vers l’examen. Par la suite, ce terme fut employé par les Anglais, sous la forme coach, pour signifier l’entraîneur sportif.

L’académicienne, Hélène Carrère d’Encausse, travaillant à la future édition du dictionnaire, demande qu’on utilise le mot entraîneur et qu’on laisse coach au flegme britannique. On peut se demander si le mal n’est pas déjà fait, tellement le mot coaching a pénétré les domaines de la vie sociale et professionnelle, jusqu’aux universités françaises qui préparent à des diplômes de coaching, notamment dans les filières commerciales !

Peut-être faudrait-il demander à Didier Deschamps s’il a eu besoin de suivre une formation de coaching pour devenir l’entraîneur de l’équipe des Bleus !

 

 

 

25. DELTA

 

 

En poursuivant ses études, après avoir appris dans les petites classes la différence entre l’estuaire de la Loire et le delta du Rhône, le blondinet apprendra que la lettre majuscule grecque Δ (delta) est souvent utilisée en sciences et en mathématiques pour décrire des changements, delta étant l'initiale du mot grec διαφορά (diaphorá), signifiant « différence ».

Bien plus tard, il entendra à tout bout de champ dans les médias les experts en tous genres donner pompeusement du delta qui progresse ou qui diminue, à propos de productions, de bilans financiers… sans se soucier d’être bien compris du grand public.

 

 

 

26. ÉQUIPE

 

 

Terme dérivé d’ « équiper ». On trouve le terme eschiper, au sens d’embarquer et pourvoir l’embarcation du nécessaire, dans le roman Eneas, écrit en Normandie par un trouvère vers 1150, inspiré de l’Eneide de Virgile, mais suffisamment modifié pour qu’on le considère comme l’un des plus anciens romans écrits en français.

Le terme équipage (écupage) apparaît au XVè siècle, terme de marine.

Le sens moderne d’équipe apparaît au XIXè siècle, notamment pour le jeu et pour le sport. L’équipe de rugby, de basket-ball… Quand les équipes sont célèbres, on peut les nommer dans leur langue : la Squadra Azzura, la Mannschaft, la Roja !

Avec les équipes de marques, on commence à voir le mot anglais team, eh oui !

La mère du blondinet s’exclamait souvent devant le tintamarre des enfants remuants : quelle équipe !

Aujourd’hui, dans notre société généreuse et modeste, il est courant pour un dirigeant de dire que le mérite de sa réussite ne revient pas à lui-même mais à son équipe.

Mais jadis l’esprit d’équipe ne s’appliquait pas au travail scolaire : à l’école le travail devait toujours être individuel et on était noté individuellement. Il ne fallait pas copier sur le voisin ! Cela n’a pas beaucoup changé, bien que des universitaires et certains pédagogues prônent le travail en équipe, tant au niveau des élèves, qu’à celui des enseignants. Cette idée fait son chemin. Le directeur d’une grande école de commerce annonçait récemment à ses étudiants que les deux priorités de leur formation devront être les langues vivantes et le travail en équipe. Ce n’est pas encore évident pour tout le monde. En effet, la réforme des collèges annoncée par la ministre Vallaud-Belkacem pour la rentrée 2016 suscite une vive opposition de certains enseignants en raison du travail en équipe que demandera le quota d’heures à consacrer à des activités pluridisciplinaires… Équipe enseignante, où es-tu ?

 

 

 

27. FUN

 

 

Mot anglais bien connu signifiant amusement.

C’est par les Canadiens qu’il serait introduit dans l’usage français.

Il est vrai qu’en 1973, l’écrivain québécois Réjean Ducharme, dans « L’hiver de force » écrit : « Si t’es pas venu ici pour avoir du fonne, décolle, laisse la place aux autres ». En bon Canadien francophone, l’auteur manifeste la volonté de franciser l’orthographe du mot.

Aujourd’hui, il n’est pas rare d’entendre :

Ah ! C’est fun ça !

On a eu des vacances fun !

Et bien sûr il y a la chaîne Fun radio, qui rivalise de médiocrité avec Rire et autres créations de la libération de l’audio-visuel !

 

 

 

28. GABARDINE

 

 

Mot d’origine arabe passé en français par l’intermédiaire de l’espagnol.

Manteau fait avec le tissu éponyme de laine sergé très serré, censé être imperméable.

Le blondinet jeune homme arborait fièrement sa gabardine ouverte, ce qui ne l’empêchait pas d’utiliser un parapluie…

Aujourd’hui, on emploie plutôt le terme trench, ce qui semble un curieux retour aux sources, car le trench-coat était porté par les soldats anglais et français pendant la Première Guerre mondiale (trench signifie tranchée !). Le premier trench-coat fut dessiné en 1914 par Thomas Burberry, couturier anglais. habilleur officiel de la Cour d’ Édouard VII.

 

 

 

29. INTERGÉNÉRATIONNEL

 

 

Le blondinet a eu la chance de connaître ses grands-parents. Il leur écrivait pour les remercier des cadeaux envoyés à Noël ou à son anniversaire. Il leur envoyait des cartes postales lorsqu’il faisait un voyage. Le lien entre les générations semblait aller de soi.

À cette époque, on utilisait le mot génération. Par exemple les grands disaient qu’ils ne voulaient plus de guerre pour les générations futures, car l’empreinte des deux conflits mondiaux était très lourde. Dans les années 50/60, on parle dans le cinéma de la génération nouvelle vague. Dans le domaine des variétés, Richard Anthony chante « Nou-ou-ou- ve-e-elle vague ». Sans parler des yéyés…

Aujourd’hui, l’espérance de vie augmente, mais de plus en plus d’enfants et petits-enfants sont éloignés de leurs parents pour mener leur vie, l’entraide et la convivialité dans les villes et même dans les villages s’est plutôt réduite quand elle n’a pas disparu…

C’est ainsi que des initiatives voient le jour pour promouvoir des actions solidaires concrètes en faveur des personnes âgées. Des associations s’investissent. Les enseignants font des projets dans ce sens, avec des retombées positives tant pour les jeunes que pour leurs aînés ! Je me souviens d’une classe de collège qui avait fait un « jumelage » avec une maison de retraite et je revois ce garçon évoquer avec son « papi » le coup de téléphone qu’ils avaient échangé quelques jours plus tôt.

Carole Gadet, fondatrice de l’association « ensemble demain » a écrit « Carnet de voyage intergénérationnel », préfacé ainsi par le célèbre généticien Albert Jacquard :

« Les humains ont fait ensemble l'humanité. C'est notre legs. Il nous appartient de faire en sorte que l'humanité continue à faire de nous des humains. J'aimerais que ce livre puisse contribuer à cette tâche et, ce faisant, qu'il déborde le vocable, trop étroit à mon sens, de l'intergénérationnel pour inviter chacun à voyager d'une génération à l'autre afin d'apprendre à devenir ensemble ».

 

 

 

30. MANAGER

 

 

C’est tout juste si le blondinet pouvait rencontrer un manager (prononcé manadjeur) pour diriger un club de football ou une grande entreprise. Il avait son entraîneur et le club son dirigeant, appelé président. L’entreprise avait son patron.

Aujourd’hui le terme de manager ou manageur est beaucoup plus étendu pour désigner les patrons, les décideurs, les gestionnaires des entreprises. En 2006, la sociologue, Anne Barrère, a publié « Les Managers de la République », ouvrage dans lequel elle brosse un tableau vivant et réaliste du quotidien des chefs d’établissement de collèges et de lycées. L’intitulé montre bien qu’on ne manage pas seulement dans le secteur privé.

Du reste, le sens du mot permet à chacun d’être manageur : on manage chaque jour une situation, une affaire…

Dans la Route du Rhum 2014, Loïc Peyron a bien managé la fin de sa course : il a remporté la victoire et battu le record de l’épreuve en 7 jours, 15 heures, 8 minutes et 32 secondes. Pour une distance de 3 542 milles (environ 6 560 km) de Saint-Malo à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. Près de 1000 km par jour, 42 km par heure, sur un skipper dans l’océan. Bravo !

 

 

 

 

 

31. MIXITÉ

 

 

Mixtus = en latin, participe passé de miscere = mélanger

Mixte apparaît au Moyen-Âge dans le sens de mêlé.

Au XVè siècle :  mixte = qui comprend des personnes différentes

Au XIXè siècle : mixte = qui comporte les deux sexes

Le Larousse des années 50 ne cite pas le terme mixité. Beaucoup d’écoles et de lycées ne sont pas encore mixtes, ce qui n’empêche pas la mère du blondinet de dire que le lycée de M… a mauvaise presse depuis qu’il est devenu « lycée mixte » !

Ce n’est qu’en 1975 que la mixité devient obligatoire à l’école, sous le ministère de René Haby. On s’approche alors du problème de société que l’on semble découvrir dans les années 80 : la mixité sociale.

Cette notion s’invite alors pour révéler un dysfonctionnement social. En effet, l’urbanisation des années 50/60 a fini par créer des zones urbaines périphériques sinistrées, dans lesquelles se trouvent regroupées des populations socialement défavorisées, la plupart issue de plusieurs vagues d’immigration. Les conséquences au plan scolaire et au niveau de l’insertion professionnelle des jeunes sont très préoccupantes et les moyens politiques mis en œuvre depuis 30 ans semblent stériles. Le premier ministre Manuel Valls a parlé récemment d’apartheid social pour ces quartiers, ce qui a suscité de vives polémiques, car les valeurs de la république y sont bien mises à mal. Le nouveau ministre de l’Education Nationale séduit par la mesure radicale de plafonner à 12 les effectifs des classes élémentaires des quartiers difficiles, ce qui paraît une très bonne mesure, mais quid de la mixité sociale ?

Saurons-nous trouver de nouveaux moyens efficaces pour retrouver du lien social, pour revaloriser l’image de quartiers, de villes, de banlieues, voire même de départements ?

 

 

 

 

 

32. PSCHITT

 

 

Le blondinet aimait bien le pschitt. À la radio, il entendait la réclame suivante : pour toi chère ange pschitt orange, pour moi garçon pschitt citron !

Il ne se doutait pas que le bruit furtif produit par le décapsulage de la petite bouteille allait, plusieurs décennies après, servir de message d’échec à une entreprise ou à un projet qui échoue.

En 2001, le président Jacques Chirac a déclaré : « Ce n'est pas qu'elles se dégonflent, c'est qu'elles font pschitt , si vous me permettez cette expression » pour illustrer la vaporisation brutale de l'affaire sur le financement occulte du RPR dans laquelle il était cité.

Autre exemple : ce matin, un journaliste de France-info vient d’annoncer que le projet google glass a fait pschitt. Ce projet lancé par Google en avril 2012 avait pour but de fabriquer des lunettes capables d'afficher des informations sur leur surface grâce à un petit écran. Ces images se juxtaposent à ce qu'on peut voir de façon naturelle : c'est ce qu'on appelle la "réalité augmentée".

Mais ça a fait pschitt et Google a dû arrêter la commercialisation du produit début 2015. Les raisons de l’échec sont nombreuses : le prix (1500$), l’esthétique, les craintes pour la santé, les conséquences sur la vie privée…

Ce produit aurait quand-même pu convenir aux femmes, car ne dit-on pas qu’elles sont davantage capables que les hommes de faire plusieurs choses en même temps ?

 

 

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