"Bienvenue en France" Étudiants étrangers ! Édouard Philippe aux Rencontres universitaires de la Francophonie
"Bienvenue en France" aux étudiants étrangers !
Édouard Philippe aux Rencontres universitaires de la Francophonie
Le Premier ministre de la France part à l'offensive pour attirer plus d'étudiants étrangers. Il dévoile ainsi son plan de bataille : visas, droits d'inscription et langue anglaise. Actuellement, la France est le quatrième pays d'accueil des étudiants internationaux après les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie, tous trois anglophones, tandis que la France ne l’est pas, du moins pas encore tout à fait, c’est là son moindre défaut…
En fin stratège, devant la concurrence grandissante des poursuivants (Allemagne, Russie, Arabie saoudite, Turquie…), le Premier Ministre explique que, « pour gagner en attractivité, il faut s’attaquer à tous les sujets, à tous les détails du quotidien qui compliquent la vie des étudiants étrangers ». L’objectif annoncé est de 500 mille étudiants en 2027, contre 320 mille aujourd’hui.
VISA : la France va permettre de déposer en ligne la demande pour études et les consulats auront pour consigne d'accorder la priorité aux demandes de visas étudiants à l’approche de la rentrée. Les anciens étudiants diplômés de l’enseignement supérieur français au niveau master, retournés dans leur pays d’origine, pourront plus facilement revenir en France créer une entreprise ou chercher du travail.
INSCRIPTIONS : en France, tout étudiant, français ou étranger, peut s’inscrire à l’université pour 400€ par an, somme vraiment ridicule comparée à tous les autres pays, qui n’ont pas un État aussi généreux que la France. Le gouvernement peut ainsi saisir l’occasion de porter les droits d’inscription des étudiants étrangers extra-communautaires autour de 3000 et 4000€, ce qui sera « une bonne chose, car la hausse des frais d’inscription contribuera à clamer la valeur des enseignements dispensés », selon Yves Poilane, président de la commission Relations internationales de la Conférence des grandes écoles, tandis qu’une politique de bourses importante devra permettre d’accueillir des étudiants de famille modeste. Il est prévu également de favoriser l’installation de campus universitaires français à l’étranger, comme le font déjà l’ESSEC, l’École Centrale, Paris-Dauphine et la Sorbonne.
LANGUE ANGLAISE : Les professeurs d’université ne sont pas tous aptes, ni disposés, à dispenser leurs cours en anglais. Vouloir doubler le nombre d'étudiants ayant accès à des cours en anglais ne doit pas empêcher de les inciter vivement à suivre des cours de français langue étrangère, comme c’est le cas à Aix-en-Provence, exemple à suivre ! Chaque étudiant étranger aura un référent. Reste à trouver suffisamment d’enseignants compétents en langue anglaise et pourquoi pas en d’autres langues aussi, car, contrairement à une idée, inexacte et trop répandue, la langue anglaise n’est pas maîtrisée dans la plupart des pays du globe, qui souvent, en guise d’anglais, produisent des discours et des textes plus proches du charabia que de la langue de Shakespeare et d’Hemingway…
Le gouvernement a certainement raison de se préoccuper de l’attractivité des universités et des grandes écoles. La réputation de la France est bonne pour ce qui est de la qualité de la vie et du niveau culturel. La valeur de son enseignement scientifique est reconnue, tant pour les mathématiques que pour les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle, au point même que trop de jeunes Français diplômés quittent leur pays après les études, un comble ! Les mesures annoncées semblent cohérentes, mais attention à la facilité et l’effet de mode: ne pas se contenter de croire que quelques mesures concrètes, même intéressantes, vont rendre les universités françaises plus attractives. C'est avant tout la qualité des enseignements qui compte. Et si la tendance est à la suppression de postes, on peut craindre que cela fasse comme pour les lycées français de l’étranger, qui devront doubler leurs effectifs d’élèves avec des subventions en baisse ! Or, multilatéralisme rime avec multilinguisme, c’est pourquoi les Français doivent faire en sorte que ce plan ne débouche pas sur un alignement servile et grégaire au tout-en-anglais, alors que notre vieille Europe et les autres continents ont tant de langues capables d’exprimer l’intelligence des cultures de tous les pays.