De Mercury à Duska, c’est Charybde en Scylla ! Heureusement il y a Mahmoud !
S’il y a bien un domaine où l’Europe échoue pour mettre en valeur sa diversité, c’est bien ce concours Eurovision, qui ne mérite plus son nom depuis longtemps, depuis que la plupart des chanteurs chante en anglais, au lieu de la langue du pays représenté. Comme si tout un chacun comprenait l’anglais, surtout dans les chansons !
La Grèce, mère-patrie de la civilisation européenne, qui a tant apporté aux peuples slaves, germaniques, latins et d’autres encore, n’échappe pas à la vilaine mode et met en piste cette année une chanteuse, Katerina Duska, qui interprétera « Better Love », titre d’une banalité kitsch qui en dit long sur le zèle que nos élites déploient pour se coucher devant l’anglo-saxon-mania et niveler le peuple comme s’il était là pour gober ce qu’on lui donne. Ce n’est pourtant pas ce que réclame le public, capable de mieux, témoin l’année 2017, qui a vu la victoire de Salvador Sobral, en portugais, pour le Portugal !
En se mettant, comme tant d’autres pays, à la remorque du tout-en-anglais, la Grèce aurait-elle oublié que dans les années soixante, c’est elle qui donnait le tempo avec les « Enfants du Pirée » (Τα Παιδιά Του Πειραιά). Grâce à cette chanson tirée du film « Jamais le Dimanche », de Jules Dassin, Melina Mercouri obtint aux États-Unis, en 1961, l’Oscar de la meilleure chanson originale. C’était la première fois qu’une chanson en langue étrangère était récompensée ! Cette chanson fit le tour du monde, traduite en de nombreuses langues. C’était l’époque où même les gens simples avaient le droit de comprendre, contrairement à aujourd’hui où le tout-en–anglais exclut beaucoup de nos concitoyens…
On verra ce que la France envisage pour le concours et, en attendant, on pourra se consoler en tirant un grand coup de chapeau à l’Italie, qui présentera le dernier vainqueur du trophée du festival de la chanson italienne de Sanremo : Mahmoud, qui, lui, chantera en italien ! Et si son nom surprend pour un Italien, on dit même que ça déplaît à quelques-uns en italie, notamment à un ministre tonitruant, précisons que sa mère est Sarde, son père Égyptien, qu’il est né à Milan et y a toujours vécu. Buona fortuna, Mahmoud !