Halte au bilinguisme de façade, qui cache la mort du multilinguisme culturel !
Lorsqu’on voyage en Europe et que l’on prête attention aux indications administratives, touristiques, commerciales, etc…, on s’aperçoit que, quel que soit le pays, le message figure souvent en deux langues et seulement deux : la langue du pays (encore heureux !) et l’anglais (de qualité parfois médiocre !). Un bilinguisme de façade et dangereux pour la diversité culturelle, il faut le refuser !
Selon ce constat, on peut en conclure que les citoyens européens sont censés comprendre la langue de leur pays et « la langue des cow-boys », comme dirait un poète gitan bien connu. Pourquoi pas, alors, s’économiser la langue du pays et tout écrire en anglais uniquement ? Mais dans ce cas, peut-être faudrait-il demander aux imposables européens s’ils sont d’accord, par exemple, pour que soient payées par les subventions issues de nos impôts et taxes les plaques descriptives des monuments rédigées dans la langue du pays qui n’a jamais fourni la preuve d’une volonté pro-européenne. C’est assez désolant que des décideurs européens cassent eux-mêmes la belle mosaïque culturelle plurilingue de ce continent. D’autant qu’une partie de ses élites atrophient leur propre langue en y incorporant à outrance, inconsciemment ou carrément par snobisme, des mots et des expressions empruntés d’outre-Atlantique, ils en arrivent même à déformer la syntaxe de leur langue en la moulant sur l’anglo-saxonne, faut l’faire !
Tout cela est bien triste, voire révoltant, pour les amoureux des langues, de toutes les langues. Mais tout espoir n’est pas perdu. En effet, certaines observations contredisent mon propos liminaire et l’on peut se demander pourquoi. Voici une succession de panneaux de toutes sortes, photographiés au hasard de villes de France, d’Espagne, d’Italie… montrant que, si certains décideurs ont en effet rédigé leur message en deux langues (nationale + anglais), ce qui est à déplorer et dénoncer, d’autres ont préféré le rédiger en plusieurs langues, tandis que d’autres encore sont restés dans une rédaction uniquement nationale. Au passage, on remarque que les pictogrammes peuvent être une bonne solution. Voici donc en trois parties une succession de clichés illustrant ces trois approches différentes.
* Langue nationale + anglais : indications dans les toilettes d’un café en Andalousie, bateau-bus à Paris, panneaux culturels en Espagne, règlementations en Italie
* Langue nationale + au moins 2 langues : bienvenue à l’entrée d’un magasin de Parly II, indications de sécurité à Nice le long du Var, annonce des grandes eaux au château de Versailles, fiches prière dans une grande église parisienne, etc…
* Langue nationale, un point c’est tout : on trouve encore des messages obligeant l’étranger à faire l’effort de comprendre, ce qui n’est pas si difficile, parfois même très drôle. Bon courage !