NOIR N’EST PAS BLACK, NON AU MODÈLE AMÉRICAIN
Bravo à cette jeune femme qui explique à la radio qu’elle n’aime pas qu’on lui dise black, car elle est fière d’être noire. Elle a raison d’être fière, pourvu qu’elle n’oublie pas que son sang est rouge comme celui de tout le monde et que ses os sont comme ceux de tout le monde, comme chantait Claude Nougaro en hommage à Louis Armstrong. Cela dit, on ne choisit pas la couleur de sa peau. On peut même en être fier, qu’elle soit noire ou blanche ou entre les deux. La fierté et l’estime de soi rendent séduisant. Du reste on peut observer toutes les nuances de teinte dues aux métissages de plus en plus fréquents, ce qui devrait être un bonheur pour l’humanité.
Or, cette intrusion du mot américain black révèle encore une fois la soumission, la fuite en avant, dont font preuve les meneurs de langage de l’hexagone. Ce qui vient d’Amérique est forcément mieux donc on se couche culturellement devant leur langue et leurs modes de pensée et d’organisation de la société. Et il faut être aveugle ou sourd pour ne pas se rendre compte de cette réalité. Répétons-le, la France n’est pas l’Amérique. L'universalisme, qui est en France le pilier et la condition même de l’antiracisme, est attaqué par des individus qui rêvent d’importer en France le modèle américain. Il ne faut pas confondre le racisme institutionnalisé d’Amérique, à proscrire, et la lutte sociale pour l’égalité des chances qu’il faut mener en France. Rappelons que la France n’est pas un état raciste, même s’il y a des imbéciles pour proférer des termes inacceptables envers ceux qu’ils trouvent différents, du reste pas seulement pour leur peau et leur faciès. Je me souviens des musiciens américains de jazz, dont la peau était bien noire, dans les années 1950 à Paris, tout émerveillés d’avoir le droit de s’asseoir à côté des blancs, dans les cafés du Quartier Latin ! C’était dans les années 1950, à l’époque où Rosa Parks était censée céder sa place à un blanc dans un autobus de Montgomery en Alabama.
Et comme l’écrit Amine El Kathmi dans son livre Combats pour la France, il faut refuser cette évolution copiée des États-Unis consistant à nous faire mettre dans des cases selon la couleur de notre peau, notre religion, notre sexualité, bref à nous communautariser, à nous diviser, au lieu de façonner le ciment commun de la république issu de la richesse de nos différences individuelles.