Bravo à France-info pour sa journée sur les INFOX
À l'heure où quelques intellectuels médiatisés, dont notamment des journalistes de Radio-France qu'ils faut saluer à l'occasion de la journée sur les infox, s'efforcent chaque jour de ne pas tomber dans la manie d'angliciser le discours, il me paraît de la plus haute importance de savoir ce que l'on fait et ce que l'on veut en accordant un statut à telle ou telle langue. Si les meneurs linguistiques français et autres européens choisissent la langue anglaise pour normaliser les informations publiques et faire ainsi qu'elle devienne un outil de promotion sociale, alors les quelque vingt ou trente langues européennes sont appelées à disparaître à plus ou moins brève échéance. Au mieux il en restera des épreuves optionnelles pour quelques points au bac et se rappeler les contes de nos grands-parents. C'est ce que Michel Feltin-Palas analyse avec pertinence dans son blogue sur le bout des langues.
En effet, que penser des décisions de nos gouvernements successifs et de leurs administrations, sans compter les organes municipaux et régionaux, les entreprises, commerces, publicitaires, etc... lorsqu'on constate toutes les mesures prises en matière d'enseignement : niveau B2 d'anglais obligatoire pour enseigner le français à l'étranger, même en pays francophone; niveau d'anglais imposé pour les BTS, DUT et licences pro; mesures pour les cours en anglais à l'université; écoles de commerces muées en business schools; thèses rédigées directement en anglais dans certaines disciplines; affichages publics soit d'information de sécurité soit d'intérêt culturel rédigés uniquement dans la langue du pays et en anglais. C'est le cas pour la nouvelle carte d'identité, sublime invention utilitaire d'une administration européenne aculturée !
Ce qui m'amène à proposer la solution suivante : si chaque étranger dans un pays est censé comprendre l'anglais, il peut le faire aussi dans son pays, donc supprimons la langue du pays dans tous les pays et mettons-nous tous à l'anglais dès la crèche !
Cependant, l'atteinte au plurilinguisme ne laisse pas indifférent, fort heureusement, et tout n'est pas perdu. Il faut reconnaître que dans un monde parvenu à un tel stade d'interactions rapides, le problème de communication verbale et écrite se pose. Mais, de même que le covid a su se diversifier, il faut que nous trouvions, dans un multilatéralisme équitable combiné au progrès technique, le moyen de communiquer sans ambages en plusieurs langues. En gardant à l'idée que les langues portent une culture en mouvement, donc elles bougent elles aussi. N'oublions pas que les Gaulois ont fini par adopter le latin en quelques siècles; que les Saxons britanniques ont fini par adopter le vocabulaire plutôt abstrait du "Norman-French" apporté par Guillaume le Conquérant et sa suite; que la constitution espagnole d'après la dictature Franco tolère les langues des "communidad" mais oblige tous les citoyens espagnols à comprendre le castillan; que j'ai entendu récemment en Allemagne des professeurs reprendre leurs élèves en leur demandant de parler le hoch Deutsch et non le dialecte du Bad-Wurtemberg; et on peut faire ainsi le tour de notre planète...